Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
de lichtfield.


L’expression, l’attendrissement marqué avec lequel elle chantoit, prouvoient assez qu’elle avoit un objet ; mais est-ce lui-même ? est-ce Lindorf ? le doute, la défiance rentrent dans son cœur. Il écoute, il regarde, et bientôt il n’a plus même le triste bonheur de douter.

Caroline avoit posé sa guitare sur ses genoux, et détachoit de son cou un ruban noir qu’elle portoit toujours, et que le comte avoit pris jusqu’alors pour un simple ornement. Il voit avec surprise qu’il servoit à suspendre un portrait caché dans son sein. Trop éloigné pour en distinguer les traits, il put voir cependant, quand elle l’approcha de la lumière, que c’étoit celui d’un homme avec l’uniforme des gardes : c’est donc celui de Lindorf !

D’abord Caroline le regarde avec attention ; puis elle le presse contre son cœur, contre ses lèvres, avec un mouvement passionné ; des larmes coulent sur ses joues. Il en tombe une sur le