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de lichtfield.

faire lire dans le mien, sans lui découvrir le feu qui me dévore ? et ne sais-je pas alors que le devoir, la compassion, la générosité dicteroient sa réponse ? Ne me prouve-t-elle pas qu’elle peut tout sur elle-même, et qu’elle est prête à sacrifier sans balancer tous les sentimens de son cœur ?

Ainsi le comte, tourmenté, combattu entre la crainte et l’espoir, faisoit en même temps son supplice et celui de la tendre Caroline. Une situation aussi violente ne pouvoit durer long-temps. Lindorf n’arrivoit point, et le comte ne trouvoit plus ni dans son amitié, ni dans sa délicatesse, la force de résister à sa passion, lorsque tout l’assuroit qu’elle étoit partagée.

Un soir, le chambellan fut retenu à la cour ; le comte soupa tête-à-tête avec Caroline. Plus tendre, plus séduisante encore qu’à l’ordinaire, si elle ne disoit pas, je vous aime, il n’étoit du moins plus possible de s’y méprendre. L’émotion, le trouble du comte augmentoient