Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
caroline

étoit parti d’abord après l’avoir reçue, et ne tarderoit pas à arriver.

Quoique ce moment dût être l’époque d’une séparation à laquelle il ne pouvoit penser sans frémir, il l’attendoit avec une sorte d’impatience, fondée sur celle d’assurer le bonheur de Caroline, et même d’être délivré de cette incertitude qui laisse errer l’âme sur des illusions qu’un instant détruit, et auxquelles le malheur même est préférable.

Eh ! comment auroit-il pu s’en défendre de ces douces illusions ? Elles devenoient chaque jour plus séduisantes, plus dangereuses. Il falloit toute la modestie et toute la prévention du comte, et la lecture continuelle des lettres que Caroline lui avoit écrites, pour ne pas s’apercevoir de leur réalité. Loin de se rebuter, elle étoit toujours plus tendre, toujours plus empressée. Il s’agissoit du bonheur de sa vie : pouvoit-elle marquer trop d’attachement à cet époux qu’elle avoit blessé si long-