Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
de lichtfield.

n’auroit pas dû s’en tenir à une seule lettre ; il devoit penser qu’on auroit pu l’intercepter ; il devoit y aller lui-même. Enfin il en vint à croire que lui seul avoit eu tort.

Vous pouvez juger, lui disoit Lindorf, de l’impression que me fit cette lettre, par celle qu’elle vous fait à vous-même. Le comte voulut la lui rendre. — Non, mon ami, gardez-la ; et si jamais j’étois assez malheureux pour l’oublier, pour causer encore un instant de chagrin à ma chère Matilde, vous n’aurez qu’à me la montrer, pour me faire tomber à ses pieds. Je ne balançai pas un moment après l’avoir lue, sur ce que je voulois faire. Voler auprès d’elle, la consoler, réparer mes torts, l’arracher à la tyrannie, lui consacrer ma vie entière, étoient actuellement le seul vœu, le seul projet de mon cœur. Je vis clairement qu’on lui en imposoit, puisqu’elle vous croyoit encore en Russie. Sans doute on interceptoit vos lettres ; elle étoit entourée de piéges, de