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qui voit l’Angleterre pour la première fois.

L’impatience d’avoir des nouvelles de Dresde nous fit abréger notre tournée, et reprendre le chemin de Londres, où nous espérions en trouver. J’étois certainement plus agité que Manteul ; il se livroit aux plus douces espérances, et ne doutoit presque plus de son bonheur. Je n’en doutois pas plus que lui ; mais, loin de le partager, je l’enviois. Plus il étoit content, plus mon dépit secret et ma tristesse redoubloient.

Je lui parlois cependant à tous momens de Matilde ; je me faisois répéter jusqu’aux moindres circonstances de sa vie ; j’étois aussi inépuisable en questions sur elle, que Manteul dans ses réponses : nous n’avions plus d’autre sujet de conversation, et à chaque instant ma jalousie, ma douleur, mes regrets, je dirai presque mon amour, prenoient de nouvelles forces. Manteul ne trouva point à Londres de lettre de