Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
de lichtfield.

prétextai une migraine, et il me laissa.

Il me tardoit d’être seul, de chercher à démêler ce qui se passoit chez moi, pourquoi j’éprouvois cette agitation singulière pour un événement que j’aurois dû prévoir et désirer. Puisque je n’aimois pas Matilde, puisque j’avois renoncé à son cœur, à sa main, aux droits que j’avois sur elle, ne devois-je pas être charmé qu’un autre lui rendît plus de justice, et réparât tous mes torts ? Ah ! je l’étois si peu, qu’il me paroissoit que Manteul m’enlevoit un bien qui m’appartenoit, et que j’avois l’inconséquence, l’injustice d’accuser Matilde de légèreté, et de lui reprocher une inconstance dont j’étois moi-même si coupable.

Je me rappelois toutes les circonstances de notre liaison, ces promesses si tendres, si naïves, si souvent répétées dans ses lettres, de n’aimer jamais que moi, et je disois : Toutes les femmes sont légères ; comme si je n’avois