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caroline

mes momens de solitude, je ne songeois qu’à elle ; mais comme je redoutois ce dangereux souvenir, je travaillois sans cesse à l’écarter, et j’étois seul le moins qu’il m’étoit possible. Manteul me quittoit rarement, s’attachoit davantage à moi tous les jours, et redoutoit à l’avance le moment de nous séparer. À son arrivée à Londres, il avoit trouvé chez son banquier des lettres de Dresde, qui parurent lui faire le plus grand plaisir.

Il seroit possible, me dit-il alors, que son retour dans sa patrie fût plus prochain qu’il ne l’avoit pensé ; mais l’événement qui le rappelleroit seroit si heureux pour lui, qu’il ne regretteroit que moi. Il m’étoit aisé de voir qu’il auroit voulu m’ouvrir entièrement son cœur ; mais peut-être alors eût-il exigé le réciproque, et j’étois décidé à ne confier jamais à personne le secret de ma fatale passion, à ne jamais prononcer le nom de Caroline. J’évitai donc sans affectation de lui