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caroline

être aurois-je succombé, et je me serois à jamais rendu indigne de votre estime et de votre amitié. Ma fièvre, et surtout l’abattement de ma convalescence, me firent voir les objets sous un autre point de vue. Soit que le physique influe sur le moral, soit que ce fût le fruit des réflexions que je ne cessois de faire, ou que mon amitié pour vous, mon cher comte, fût assez forte pour triompher de l’amour, il est certain que ma passion s’affoiblissoit chaque jour, ou plutôt ma raison se fortifioit. J’adorois toujours Caroline, mais comme on adore la divinité, sans oser même imaginer de la revoir jamais. Je frémissois d’en avoir eu l’idée ; et, loin de conserver le désir de me rapprocher d’elle, j’éprouvois celui de m’éloigner davantage, et j’attendois Varner avec impatience.

J’étois dans ces dispositions lorsque le jeune baron de Manteul arriva à Hambourg, et vint loger dans la même auberge que moi. L’hôte lui parla tout