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l’aurois tenu ce vœu, qui devenoit chaque jour plus sacré ; jamais le nom de Caroline ne seroit sorti de ma bouche, si son apparition subite à Ronebourg, cette apparition que je ne puis comprendre encore, n’eût égaré ma raison.

Dispensez-moi de vous peindre ce que j’éprouvai dans cet affreux moment, où, la croyant expirante, je trahis le secret de mon cœur ; où je vous appris que cet ami, comblé de vos bienfaits, après avoir attenté à vos jours, osoit être votre rival. Je fus sur le point de vous venger moi-même, et de suivre celle que je croyois déjà privée de la vie ; mais elle fit quelques mouvemens ; je vis ses yeux se rouvrir, ses joues se colorer ; elle vous étoit rendue, je ne voulus point troubler votre bonheur par l’affreux spectacle de la mort de votre ami. Je passai dans ma chambre ; je vous écrivis une lettre, que vous aurez trouvée sur mon bureau ; et, montant à cheval, je m’é-