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de lichtfield.

savoir, j’offensois l’ami généreux pour qui j’aurois mille fois sacrifié ma vie. Il a lu l’expression de ma douleur, de mes remords, de la résolution que je pris, à l’instant qui me découvrit mon crime, de m’éloigner pour toujours. Je crus le réparer en quelque sorte ce crime involontaire, en faisant connoître à Caroline l’époux qu’elle fuyoit ; je savois que son âme étoit faite pour sentir, pour apprécier la vôtre, pour se donner à celui qui méritoit seul un bien si précieux.

Ah ! c’est ton amitié qui sut me peindre avec ces traits si flatteurs, si propres à faire impression sur elle, interrompit le comte avec feu. Cher Lindorf, c’est à toi seul que je dois le cœur de ma Caroline et tout le bonheur de ma vie ; sans toi, sans cet amour que tu te reproches, Caroline eût toujours ignoré, peut-être, que je pouvois faire le sien. Mais achève, cher ami ; il me tarde d’être convaincu que tu seras heureux comme moi, que Matilde peut