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de lichtfield.

dites-vous, mon frère ? mon attitude n’étoit-elle pas touchante ? — Vous ressembliez tout-à-fait, lui dit le comte en riant, à une princesse du temps d’Amadis. — Une des belles du fameux Galaor, reprit Matilde, en jetant un petit coup d’œil sur Lindorf ?

C’est donc à celle qui l’a fixé ? dit-il en lui baisant la main. — Galaor disoit cela à toutes les belles qu’il rencontroit, et il les persuadoit ; mais je ne suis pas aussi crédule, et je vais mettre votre sincérité à l’épreuve. — Ordonnez. — Une femme autrefois exigeoit froidement de son amant de ne pas prononcer un seul mot pendant deux années, et il obéissoit. Ô l’heureux temps ! Je suis sûre à présent que si j’ordonnois à mon chevalier blessé repos et silence seulement jusqu’à demain, je ne serois pas obéie. — Vous le serez toujours, lui dit Lindorf en mettant un genou en terre, et il y a quelque mérite à ma soumission ; j’avois bien des choses à dire à mon ami. — Et vous auriez passé