cœur, ne tardèrent pas à rouvrir ma blessure. Matilde eut l’émotion la plus vive en voyant couler mon sang : il ne me fut plus possible de lui en cacher la cause, et nous fûmes obligés d’arrêter ici pour mettre un nouvel appareil. La plaie se trouva plus profonde que nous ne l’avions jugé d’abord ; Varner me condamna à vingt-quatre heures de repos. Je sollicitai vainement mon aimable compagne de continuer sa route, et de me laisser dans cette mauvaise auberge ; elle ne voulut jamais y consentir.
Vraiment, je n’avois garde, interrompit Matilde avec vivacité ; je connoissois mieux mon devoir : a-t-on jamais vu qu’une héroïne de roman abandonnât son chevalier blessé pour elle en la défendant contre un félon ravisseur ? Je crois même que pour être dans le grand costume, c’est moi qui devois panser cette plaie en l’arrosant de mes larmes ; j’attachai du moins l’écharpe avec assez de grâce : qu’en