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caroline

je ne comprends pas. — Un peu de patience, mon frère, ne me jugez pas une autre fois sur les apparences.

Me voilà donc dans une chaise de poste à côté de la bonne Marianne, escortée par son mari, qui couroit à cheval, ne m’arrêtant que pour changer de chevaux, prodiguant les ducats aux postillons pour avancer, et prenant chaque buisson pour monsieur de Zastrow. Ma compagne me rassuroit de son mieux. Mademoiselle de Manteul étoit son oracle ; elle me répétoit à chaque instant : Il n’y a rien à redouter, car mademoiselle l’a dit. Sur cette assurance je devins plus tranquille ; et la première journée s’étant passée sans avoir rien vu qui pût m’effrayer, je crus n’avoir plus rien à craindre ni plus de précautions à garder. Nous étant arrêtées hier à une poste pour changer de chevaux, j’avançai étourdiment la tête hors la portière. J’entends une voix que je crois reconnoître, qui crie : C’est elle, c’est bien elle ! Arrêtez, postillon,