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caroline

pas deux heures avant d’être forcée d’épouser Zastrow. Je ne la laissai pas même achever : je veux partir, je partirai, m’écriai-je. Le sort en est jeté, quoi qu’il puisse arriver ; et les ordres furent donnés tout de suite pour avoir une chaise et des chevaux.

Mademoiselle de Manteul craignant que mon courage ne s’évanouît au moment, ne me quitta plus. Son vieux père, toujours goutteux, ne la gênoit point ; elle fit dire qu’elle soupoit en ville, et fut libre de rester avec moi jusqu’au moment de mon départ. Elle ne cessa de me parler de Zastrow, de Lindorf, de mon frère, de tout ce qui pouvoit m’encourager dans mon entreprise et dissiper mes frayeurs. Fiez-vous à moi, me dit-elle, demain matin je ferai demander Zastrow ; je détournerai ses soupçons sur l’Angleterre ; je le garderai long-temps ; je l’entretiendrai si bien, que lors même qu’il vous sauroit sur le route de Berlin, il sera trop tard pour vous poursuivre. Vous