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de lichtfield.

chez Marianne, qui consentit à tout ce qu’elle voulut, elle m’y laissa. On viendroit sûrement chez elle pour savoir si j’y étois ; elle devoit s’y rendre pour détourner les soupçons. Dès que je fus seule, je pensai douloureusement à l’inquiétude affreuse où seroit ma tante, si je la laissois dans l’ignorance totale de ce que j’étois devenue. J’avois bien assez de torts avec elle sans les aggraver encore, et je résolus de réparer au moins celui-là. Je me fis donner du papier, de l’encre, une plume, et j’écrivis à peu près ceci :

« J’apprends dans cet instant, ma chère tante, que mon frère est à Berlin. Mon impatience de le voir est si vive, que je pars sans vous demander une permission que vous m’auriez peut-être refusée. Je m’épargne au moins par là le regret de vous désobéir encore : c’est bien assez pour moi d’emporter celui de vous avoir déplu par ma résistance. Ô ma tante, pourquoi m’avez-vous