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caroline

disoit-elle. Quoi, cette scène dont j’avois été si cruellement la dupe, n’étoit donc qu’une comédie, un jeu concerté entre ma tante et ce Zastrow pour obtenir mon consentement ? J’en fus indignée, et, de ce moment-là, je ne me regardai plus comme engagée. Je frémissois cependant, en me rappelant cette phrase : Elle a promis ; demain elle signera ; après demain vous épouserez. Plutôt la mort, répétai-je avec effroi ; mais ce qu’elle avoit ajouté me rendoit un peu d’espérance : Le frère dira ce qu’il lui plaira ; nous ne le craindrons plus. On le craignoit donc ce cher frère que je croyois du parti de mes persécuteurs ; il n’en étoit donc pas ; on m’avoit trompée ; il me restoit donc un appui, un protecteur, un ami sur lequel je pouvois compter ? Hélas ! dans ma joie de l’avoir retrouvé cet ami, ce bon frère, j’oubliois la distance qui nous séparoit, et que c’étoit le lendemain qu’on vouloit disposer de mon sort.