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leur, sans doute, s’écria le comte, enchanté des grâces, de la finesse et de la naïveté qu’elle avoit mises dans son apologue. Le charmant petit oiseau n’aura jamais tort avec moi : quand même ma raison le condamneroit, mon cœur l’approuvera toujours. Matilde se jeta dans ses bras, de l’air le plus attendri. J’ai retrouvé mon frère, s’écria-t-elle : et sa bonté touchante m’assure plus encore que je n’ai rien à me reprocher. Oh ! comme j’ai bien fait de quitter les méchans qui me faisoient douter de son amitié ! — Douter de mon amitié… vous, Matilde ? expliquez-vous, de grâce. — Eh bien, reprit-elle avec vivacité, on a eu la cruauté de me dire… de me prouver même, que vous ne m’aimiez plus ; que vous ne m’écriviez plus ; que vous ne me verriez plus ; que vous me défendiez de penser à Lindorf ; que vous m’ordonniez d’épouser Zastrow ; que vous étiez reparti pour la Russie : enfin, que je n’avois plus de frère ; car c’étoit la même chose…