par Pétersbourg, n’étoit ni bien fréquente ni bien animée.
» Matilde, élevée dans la retenue et même avec sévérité, n’osoit se laisser aller à ses sentimens, et n’exprimoit tout au plus que de l’amitié. Je lui répondois bien naturellement sur le même ton ; mais, décidé cependant à l’épouser, dès que sa tante voudroit y consentir ; la préférant sincèrement à toutes les femmes que je connoissois alors, je fuyois avec soin toutes les occasions de rencontrer des objets qui auroient pu me détourner ce cette idée, et l’emporter sur elle dans mon cœur.
» Il m’en coûtoit peu de me priver des plaisirs d’éclat. Depuis la malheureuse aventure de Louise et du comte, j’avois conservé une sorte de mélancolie habituelle qui s’accordoit fort bien avec mon projet. Tout entier aux devoirs de mon état, et au soin de faire ma cour au roi, je consacrois le reste de mon temps à la lecture, à la musique, ou bien à me promener à cheval.