convaincu qu’une autre qu’elle peut vous rendre plus heureux, ayez le courage de l’avouer à votre ami ; soyez sûr qu’au lieu d’altérer son estime vous la redoublerez.
» Je crois une passion violente peu nécessaire au bonheur conjugal ; je vous l’ai dit dans ma précédente lettre, et je persiste dans mon idée. Mais je crois plus fortement encore qu’il faut au moins que deux époux se préfèrent mutuellement à l’univers entier, et n’aient jamais un instant de regret d’être liés pour la vie. Je crois qu’il faut entre eux cet accord de sentimens, ce rapport de goûts, cette confiance entière, cette liaison des âmes, qui ne peut exister si l’un des deux aime ailleurs, et doit nécessairement cacher à l’autre les pensées dont il est le plus occupé.
» Voilà, je vous l’avoue, ce qui jusqu’à présent m’a empêché de me marier, et de céder aux désirs de ma famille, qui s’éteindroit avec moi.