seul avec moi ? Ah ! sans doute, la pitié seule, dans cette âme si généreuse, excitoit ce que j’ai pris pour les transports de l’amour. À mesure qu’elle passe, la haine et le ressentiment reprennent le dessus… Cher comte, cher époux, si tu lisois dans mon cœur, si tu voyois mon amour, mon repentir, tu n’y serois pas insensible ; tu me pardonnerois ; tu m’aimerois peut-être, et nous serions heureux. Alors elle couvroit de baisers et de larmes ce portrait que sa femme de chambre avoit détaché de son cou lorsqu’elle s’évanouit en arrivant à Ronebourg, et caché avec soin, qu’elle redemanda dès qu’elle eut repris la connoissance, et qui devint son bien le plus précieux.
Ne pouvant plus supporter enfin une incertitude aussi cruelle, elle résolut de forcer en quelque sorte le comte à s’expliquer, en lui témoignant le désir de quitter Ronebourg ; et ce désir n’étoit point une feinte. Elle se voyoit avec regret dans un lieu dont tout devoit