moi seul qui dois, qui veux le faire, et tu ne sauras jamais combien il me rend malheureux ; tu ne liras jamais dans ce cœur qui t’adore ; tu ne verras, tu ne soupçonneras que mon amitié : mais si tu m’accordes la tienne, si je fais ton bonheur et celui de Lindorf, serai-je en effet malheureux ?… Ah ! Caroline, Caroline ! toi seule au monde pouvois me faire sentir qu’on peut l’être en remplissant tous ses devoirs… Pour renoncer à toi sans mourir, il ne falloit ni te revoir ni te connoître…
D’après cette résolution, il se forma un plan de conduite dont il se promit de ne point s’écarter jusqu’à l’arrivée de Lindorf. Ne pouvant se reposer sur personne, des soins qu’exigeoit la santé de Caroline, ni se refuser la douceur de les lui rendre, il les continua avec l’attention la plus soutenue ; mais il sut presque toujours éviter d’être seul avec elle. Lorsqu’il s’y trouvoit par hasard, il employoit ces momens, soit à lui faire une lecture agréable, soit à lui jouer de