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caroline

effrayant, même par l’excès de sa tranquillité. Ce n’étoit qu’à un léger soulèvement de poitrine qu’on pouvoit connoître qu’elle existoit encore ; et ce mouvement presque imperceptible, le comte s’imaginoit le voir diminuer à chaque instant. Penché sur les bords de ce lit, des larmes couloient de ses yeux sans qu’il s’en aperçût lui-même. Il passoit à chaque instant ses mains tremblantes, ou sur le sein ou sur la bouche de Caroline, pour s’assurer qu’elle respiroit encore. Il les retiroit avec effroi, les joignoit ensemble, les élevoit au ciel, et disoit avec ardeur à demi-voix : Que ne puis-je mourir pour elle ou avec elle !

D’autres fois fixant ce visage pâle, mais toujours charmant, ces traits qui conservoient encore leur forme enchanteresse, il éprouvoit un sentiment si vif d’amour, de douleur, de regrets, que la plus belle femme, dans la fleur de sa santé, n’en a peut-être jamais inspiré de tels. Ange du ciel, disoit-il alors, en