Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 2, 1815.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
217
de lichtfield.

ne voyoit rien, n’entendoit rien, ne donnoit aucun signe de vie ; et sa malheureuse amie se livroit au désespoir le plus affreux. Leurs femmes, debout de l’autre côté du lit, fondoient en larmes ; quelques pas plus loin, le chambellan, renversé dans un fauteuil, les deux mains sur le visage, étoit absorbé dans sa douleur. Pour la première fois de sa vie, il sentoit que les richesses et les honneurs ne suffisent pas pour être heureux, et se repentoit trop tard de leur avoir sacrifié sa fille. Le médecin, consterné, assis à côté de lui, regardoit cette scène de douleur, paroissoit avoir abandonné Caroline et tout espoir de la rappeler à la vie.

À ce spectacle, à ces différentes attitudes, le comte crut que c’en étoit fait, qu’il avoit tout perdu, et que la plus aimable des femmes n’existoit plus. Toute sa fermeté, toute sa philosophie l’abandonnèrent : un frisson mortel parcourt ses veines et lui fait espérer qu’il va la suivre. Il se précipite sur ce lit de