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plus vive, fut encore obligé de la dissimuler, pour ménager la chanoinesse, dont l’affreuse inquiétude n’étoit pas le moindre des tourmens qu’il eût à supporter. Si la perte de sa vue donnoit, d’un côté, la facilité de lui en imposer sur l’état de la malade, c’étoit un nouveau supplice pour le comte. Elle le faisoit demander vingt fois par jour, lui répétoit sans cesse les mêmes questions, exigeoit les plus grands détails.

Lorsqu’il rendoit quelques soins à Caroline, ou bien qu’excédé de fatigue, il prenoit quelques instans de repos, c’étoit toujours les momens où elle venoit auprès de lui, ou le faisoit prier de passer auprès d’elle. On avoit une peine inouie à la retenir loin de la malade, qu’elle tourmentoit sans lui être d’aucun secours ; le comte seul pouvoit l’obtenir. Elle n’étoit tranquille que lorsqu’il causoit avec elle ; et lui, qui n’auroit pas voulu quitter une minute le chevet de Caroline, gémissoit d’y être souvent obligé.