leur envoyoit de Berlin, elle trouvoit une correspondance entre deux amies, son cœur palpitoit ; elle soupiroit, et disoit tristement : Et moi je n’ai personne à qui je puisse écrire tout ce que je pense. Je n’ai point de lettres à attendre, à recevoir ; et cela lui paroissoit le comble du malheur. Mais lorsque la chanoinesse lui proposa ce petit voyage, elle imagina tout de suite qu’un séjour dans un chapitre où l’on élevoit plusieurs demoiselles de distinction, lui fourniroit certainement l’occasion de former une liaison d’amitié avec quelques-unes d’entre elles, et même celle de pouvoir faire un choix. Elle céda donc avec plaisir aux volontés de sa maman, et se prépara pour le lendemain.
Dans ses projets de confidence pour sa future amie, elle ne manqua point d’emporter avec elle son précieux cahier et ses lettres, qui étoient devenus presque son unique lecture, et moins encore son cher petit portrait, qui ne quittoit plus son sein, et qu’elle aimoit