trait de ses lèvres, et sent une véritable émotion. Elle étoit, comme on le voit, très-bien disposée pour sa réponse. Si elle l’eût faite dans cet instant, elle eût sans doute été plus tendre que le comte n’eût jamais osé l’espérer ; mais malheureusement en écartant, pour écrire, tous les papiers épars sur son secrétaire, ses yeux tombent sur cette lettre de son père, qui lui peignoit le comte si irrité contre elle. Celle qu’elle venoit de recevoir la démentoit trop formellement, pour qu’elle ne vît pas que son père lui en avoit imposé ; mais étoit-ce en tout ou en partie ? Il en coûtoit à Caroline pour croire son père absolument faux. Le comte pouvoit avoir feint d’entrer dans sa colère ; il pouvoit aussi l’avoir partagée au premier instant où elle supposoit qu’il avoit reçu d’elle cette lettre si forte, si décisive, qu’elle s’étoit tant reprochée, et qu’elle se reproche plus encore, depuis qu’elle a reçu celle du comte. Elle s’arrête à cette dernière
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de lichtfield.