Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 2, 1815.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
157
de lichtfield.

qu’il étoit affreux qu’on se fût défié d’elle, et plus affreux encore qu’on eût sacrifié cette pauvre enfant, Caroline demanda et obtint avec peine une demi-heure de tranquillité. Elle l’employa à raconter tout ce qui regardoit Lindorf. Ce fut sans doute ce qui lui coûta le plus ; mais elle voulut avoir pour son amie une confiance entière et sans réserve.

Non, maman, lui disoit-elle avec tendresse, non, votre Caroline n’aura plus de secret pour vous ; j’ai trop souffert de cette affreuse contrainte. Ce n’est que depuis peu de jours que j’ai la liberté de la faire cesser, et depuis bien peu d’instans que j’en ai le courage. C’est au comte que je le dois : oui, c’est à lui seul que je dois le bonheur d’oser vous ouvrir mon cœur, et de n’avoir rien que de consolant à vous apprendre. Oh ! quand vous saurez à quel ange je me suis unie, et combien j’ai de torts avec lui, ce n’est pas votre Caroline que vous plaindrez. Elle ne vous demande qu’un peu d’indul-