me persuadasse que je n’entrois pour rien dans la fuite soudaine de sa fille. Sans le croire précisément, je l’écoutai avec plaisir, et j’en eus un très-vif lorsqu’il me jura sur sa parole d’honneur que le matin même elle l’avoit assuré que son cœur étoit libre, et qu’elle m’épouseroit sans peine. — Je ne l’ai point contrainte, me dit-il avec serment, et demain, si sa santé le lui permet, elle pourra vous le dire elle-même.
Ô mon ami ! qu’il est aisé de croire ce qu’on désire avec ardeur ! Je sortis presque persuadé ; et ce lendemain et les jours qui le suivirent confirmèrent mon illusion. J’observois ma jeune épouse : elle ne me parut que très-timide ; d’ailleurs, rien n’annonçoit la moindre répugnance. Notre mariage fut fixé à huit jours par le roi. Elle y consentit sans demander aucun délai ; et même, une fois qu’il en fut question, elle insista la première pour que ce retard n’eût pas lieu.
J’aurois dès ce temps-là cherché à