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que vous, des raisons de m’éloigner de ma patrie, au moins quelque temps. Nous voyagerons ensemble, et nous serons moins malheureux. — Malheureux ? s’écria Lindorf ; est-ce à vous, est-ce au comte de Walstein à parler de malheur ? — Je comprends votre surprise, lui dit le comte en s’asseyant près de lui ; il est temps de la faire cesser, et de vous dévoiler un secret que je vous ai caché malgré moi. Cher Lindorf, puis-je vous blâmer du mystère que vous me faites, puisque vous ignorez que je suis marié depuis plus de deux ans ?

Lindorf ne joua pas la surprise ; il lui eût été impossible dans ce moment-là de feindre ce qu’il n’éprouvoit pas. Mais son embarras, sa rougeur, tout ce qu’il éprouvoit réellement, et qui se peignoit sur son visage, lui donna l’air de l’étonnement. Le comte poursuivit : Oui, mon ami, je suis uni à la plus charmante des femmes, et je suis bien loin d’être heureux. Je vais