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pas trop de toute une vie pour l’expier. Oh ! combien de fois il fut tenté de la terminer cette vie qu’il ne pouvoit plus consacrer à Caroline, et qui jusqu’alors avoit été si fatale au meilleur des amis ! Mais il les connoissoit trop tous les deux pour n’être pas sûr que c’étoit leur ôter pour jamais leur bonheur et leur tranquillité. Le fameux roman de Werther étoit presque son unique lecture, et produisit sur lui l’effet contraire à celui qu’il en attendoit. Il y cherchoit des forces, des motifs, un modèle pour se décider à mourir. Il n’y vit que le désespoir de Charlotte, celui d’Albert, celui de l’ami de Werther ; et, plus généreux que lui, il aima mieux vivre et souffrir, que d’empoisonner les jours de ceux qu’il aimoit.

Dans les premiers temps de son séjour à Ronebourg, la vie lui étoit devenue si odieuse, et le sacrifice qu’il faisoit en la supportant, lui parut si grand, qu’il crut par là réparer tous ses torts, et que cette idée même ser-