combats de son cœur ennuieroient sans doute le lecteur. Pour elle, ce n’étoit pas de l’ennui qu’elle éprouvoit ; c’étoit un état d’agitation continuel. Au moindre bruit qu’elle entendoit, elle tressailloit. Son imagination, sans cesse occupée de Lindorf et du comte, lui persuadoit que l’un des deux arrivoit à Rindaw. Quoi ! ce Lindorf qui s’est banni pour jamais de sa présence, peut-elle penser qu’il reviendra ? Non. Quand elle raisonne avec elle-même, quand elle relit son cahier, quand elle se rappelle tout ce qu’il doit au comte, elle dit de bonne foi : Jamais, jamais je ne le reverrai. Mais l’imagination et l’amour ne raisonnent pas toujours ; et, sans trop se l’avouer elle-même, elle pensa plus d’une fois qu’il n’auroit pas la force de tenir sa résolution.
Elle se trompoit. Au fond de la Silésie, dans la triste terre de Ronebourg, Lindorf gémissoit de son crime involontaire, et trouvoit que ce n’étoit