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déconcertoit tous ses projets, et la mettoit au désespoir ; il fallut que Caroline, tout affligée qu’elle étoit elle-même, s’épuisât pour la consoler. La meilleure manière auroit été sans doute de lui prouver, en lui avouant son mariage, combien ses projets étoient chimériques.

Caroline, qui crut enfin apercevoir quelle avoit été son idée en attirant Lindorf chez elle, eut bien celle d’avoir alors pour son amie une entière confiance ; mais cet aveu, qu’elle avoit si fort désiré de lui faire, dont elle avoit si ardemment sollicité la permission, lui paroissoit alors tout ce qu’il y avoit de plus pénible et de plus difficile. Comment prononcer seulement le nom du comte, rappeler tous ses torts avec lui, oser dire soi-même : Je fais le malheur de l’être le plus vertueux, le plus grand, le plus digne d’être heureux ; et quand je devrois m’estimer trop heureuse de lui appartenir, de porter son nom, j’ai pu m’abandonner à la plus