Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
caroline

La malheureuse petite comtesse, seule dans son appartement, s’affligea d’abord à l’excès. Enfin, après avoir beaucoup pleuré, elle comprit que cela ne changeroit rien à son sort, qu’il étoit décidé sans retour, qu’il falloit bien s’y soumettre, et tâcher d’en tirer le meilleur parti possible.

Qu’on ne s’étonne point de voir une étourdie de quinze ans raisonner aussi sensément. Rien ne forme une jeune fille comme le malheur ; et ces trois jours de trouble, d’inquiétude et de chagrins, avoient plus avancé Caroline, ils lui avoient plus appris à réfléchir que n’auroient fait dix années d’une vie tranquille et passive. Elle entendit enfin partir le carrosse du roi, avec moins d’émotion qu’elle ne l’avoit entendu arriver ; et son père eut le plaisir de la trouver assez calme lorsqu’il vint lui faire part des arrangemens.

Le mariage étoit fixé à huit jours de là. Le comte avoit désiré qu’il fût tenu secret ; aussi devoit-il être célébré