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de lichtfield.

quelquefois seulement, lorsqu’elle étoit seule, et même au milieu de ses occupations les plus chères, elle éprouvoit une sorte de mélancolie douce, ou de rêverie vague et sans objet, dont elle ne pouvoit se rendre raison. Cette espèce de tristesse étoit bien différente de celle que lui avoit occasionnée son mariage. Celle-là étoit un état très-pénible ; celle-ci, au contraire, avoit un attrait incroyable. Si elle ne l’avoit pas surmontée avec effort, elle seroit restée des heures entières à rêver doucement, sans pouvoir dire à quoi.

Tout en rêvant et en s’occupant, l’hiver s’écoula assez vite. Tous les momens de Caroline étoient remplis ; et il n’y a rien de tel pour les abréger. Elle fut charmée cependant du retour du printemps ; mais à peine avoit-elle commencé d’en jouir, que son tranquille bonheur fut cruellement troublé.

Sa bonne maman, qui depuis quelque temps étoit languissante, tomba dangereusement malade. Il faudroit