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toute chose au niveau de la passion : le sacrifice, l’amitié, le travail et la souffrance, le plaisir et le désespoir, ne sachant rien dompter, nature faite pour être vingt fois abattue et se relever au lendemain d’une crise poignante encore plus verte et plus altière. Il y a en elle l’étoffe de dix existences ; elle met partout la griffe de son esprit inquiet et insatiable ; quand le geste souligne encore sa parole, elle trouve des accents de maternité, des cris d’une sauvagerie éloquente et jeune, d’une sincérité à faire crever l’enveloppe humaine sous la force de l’explosion ; elle garde jusque dans les expansions impétueuses de sa gaieté quelque chose de fatal. « On n’aurait jamais pu, dit George Sand, lui faire le rôle ou elle se fut manifestée et révélée tout entière avec sa verve sans fiel, sa tendresse immense, ses colères enfantines, son audace splendide, sa poésie sans art et ses rires naïfs et sympathiques, soulagement momentané qu’elle semblait vouloir donner à l’émotion de son auditeur accablé. »