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clare que les Chinois ont raison de tordre les pieds des femmes et de les emprisonner : on est sûr comme cela qu’elles n’iront pas vagabonder par les routes… Demandez plutôt à mon futur gendre Ali, qui s’amuse à pratiquer je ne sais quelle opération sur des femmes qu’il a eues dans son harem, afin d’avoir une garantie de leur sagesse. Cela promet de beaux jours à notre bien-aimée Julia…

Il allait continuer, lorsque Ali, auquel il fallait sans doute cette interruption pour le contraindre à faire un mouvement, se précipita vers lui, probablement afin de lui montrer que j’étais là et que j’écoutais.

Juge alors de ma perplexité ! Je crus être dupe de ma famille et de mon futur mari ; je crus deviner une effroyable habitude chez Ali d’user du traitement en question envers les femmes qu’il aimait. J’en apprenais de belles ! Aussi, je m’imaginai qu’on s’était servi d’un subterfuge pour m’expliquer la présence de ces femmes à bord du navire qui devait nous emmener