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passer le temps, on jouait le soir autour d’une table ronde, au 21, macao ou autres jeux de ce genre : l’Empereur, l’amiral et ceux de nous, qui voulaient venir prendre place. L’Empereur tenait tout ce qu’on voulait, et il gagnait beaucoup. Le jeu s’échauffa assez pour que le secrétaire de l’amiral, M. Glower, perdit 100 louis, ce qui ne l’amusa guère. L’Empereur voyant que l’on jouait trop gros jeu n’en voulut plus.

Avant dîner, il jouait aux échecs ou au piquet avec moi. Le salon où il se tenait était la grande chambre de poupe. C’est la pièce où l’on souffre le plus du mal de mer, en raison de sa position. J’y venais le moins que je pouvais, d’autant plus qu’elle sentait la peinture. Je passais mes matinées assise sur le gaillard d’arrière, près de la roue du gouvernail que deux timoniers manœuvraient, les yeux constamment fixés sur la boussole, en criant à tous moments pour indiquer la marche du bâtiment.

L’Empereur avait sa petite bibliothèque de voyage formée au hasard de quelques livres de la bibliothèque de Rambouillet, que l’on avait pris en passant. Elle se composait de plusieurs caisses prêtes à être mises dans des voitures. Ces