Page:Montholon - Souvenirs de Sainte-Hélène, 1901.pdf/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans la nuit du 27 au 28, nous longeâmes les îles Canaries, entre celle de Ténériffe et celle de Palma ; le 28, nous passions le tropique du Cancer et, le 1er septembre, nous nous trouvions près de l’île de Santo-Antonio, une des îles du cap Vert. On y envoya un brick pour prendre quelques provisions. Le convoi se mit au large en attendant son retour. Le 6, la chaleur était excessive, de fortes averses rafraîchirent un peu l’atmosphère. Le 8, nous vîmes un oiseau de mer de la forme d’un canard : en mer tout incident est quelque chose. Un spectacle que nous eûmes aussi fut celui des marsouins, qui étaient en immense quantité, et venaient sauter et faire leurs plongeons autour du vaisseau. On prit à bord un énorme requin, horrible animal, effroi des matelots, qui la regardent comme leur ennemi. Quand on voit la double rangée de scie qui lui sert à couper une jambe comme ferait un rasoir, on comprend l’effroi qu’il inspire au pauvre matelot exposé à tomber à la mer. La chair du requin n’est pas bonne ; cependant, les matelots s’en arrangent.

Le 14, l’Empereur prit sa première leçon d’anglais que lui donna M. de Las-Cases. Pour