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sur un vaisseau, tandis que je n’aime pas à traverser une rivière dans un bateau. On virait de bord à chaque instant et cette manœuvre, qui s’exécutait avec tant de facilité, en dépit de la vague et du vent, au bruit du sifflet du lieutenant, apportait une distraction à ma souffrance. C’était un véritable changement de décoration, puisque le point de vue changeait à chaque instant. Ce coup de vent fut si violent et le siroco est si rare à Madère, que les habitants, fort superstitieux, prétendirent que c’était la présence de l’Empereur qui leur portait malheur. Nous aurions bien désiré descendre à Funchal ; l’amiral ne le permit pas ; son secrétaire seul y passa une journée pour y prendre des provisions.

L’aspect de l’île est charmant ; les hauteurs sont très boisées : elles me rappelaient Nice. On sait que le climat de Madère est enchanteur ; les Portugais y envoient leurs malades de la poitrine. Dès que M. Glower fut revenu à bord, le 28, on remit à la voile ; il avait rapporté des citrons, des oranges, qui nous firent un plaisir extrême et contribuèrent beaucoup à ma guérison du mal de mer. On avait embarqué vingt-cinq jeunes bœufs.