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Le 8 juillet, au matin, M. Renault vint me chercher pour me conduire à l’embarcation. Mon mari avait suivi l’Empereur qui était déjà en mer. Mme Bertrand était dans un autre canot, et M. Renault me disait, en me guidant au rivage assez loin de la ville, que la chaloupe sur laquelle j’allais m’embarquer était très mauvaise et me parlait de manière à m’inquiéter sur le trajet qui n’était pas long. Les frégates étaient en vue. À peine en mer, nous nous mîmes à rire en vrais Français. L’embarcation était réellement en mauvais état et, faisant allusion à une situation analogue des officiers et dames de la cour de Pierre iii, nous nous disions : « C’est à nous aussi à chanter : Qu’allions-nous faire dans cette galère ? » Il n’y avait pas dix minutes que j’étais sur le bateau que le mal de mer me prit, mal irrésistible pour moi et bien violent ; mais j’arrivai peu après à bord et les frégates étant à l’ancre, je fus bientôt remise.