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II

Malmaison.


Arrivée à Malmaison, j’y trouvai tout occupé. Cependant on me donna une chambre. Mon fils couchait sur les coussins de la voiture, dont on lui fit un lit. Au déjeuner, j’étais assise en face du pauvre général Labédoyère. Sa figure noble et pâle, son front plissé, son air préoccupé, enfin toute sa physionomie empreinte de tristesse semblait, ce jour-là, présager sa fatale destinée.

La reine Hortense était comme toujours aimable, gracieuse et bienveillante. Elle allait continuellement dans l’appartement de l’Empereur, et dans un moment où elle venait de le voir, elle dit au peu de personnes qui se trouvaient là : « Je ne comprends pas l’Empereur ; au lieu de prendre un parti, de décider quelque chose pour son départ, il lit un roman. » Je fus frappée de cette apparence d’insouciance et d’abandon de soi-même dans une aussi importante circonstance. Depuis, j’ai pu juger que