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Longwood, ce 11 août 1819.

Un bâtiment charbonnier est arrivé d’Angleterre ; il en était parti le 24 mai. Il n’a apporté aucune nouvelle des médecins envoyés de Rome, si ce n’est toujours qu’ils étaient arrivés à Londres le 19 avril. Je désespère de les voir ici.

Il me semble, mon Albine chérie, qu’en cela même, le sort conjure pour allonger notre cruelle séparation ; car enfin, s’ils arrivaient, rien ne pourrait raisonnablement m’obliger à rester à Sainte-Hélène quand tu n’y es plus. On parle toujours de l’Abondance' et de M.  Malcolm[1] à bord ; mais pas plus d’Abondance que de médecins italiens, et le triste Longwood est encore aujourd’hui tel que tu l’as quitté : monotone, insoutenable ! Il fait un temps affreux et je crois, par moments, que ma baraque sera emportée par le vent ; nous n’en avons pas encore vu un aussi violent depuis que nous sommes dans ce pays.

Je te disais, dans ma dernière lettre, que la manie de se marier était à la mode ; je ne croyais pas alors que, dans la semaine, nous aurions un mariage. Dimanche, le fougueux Archambaud, en dépit de la foudre qui gronde sur sa tête et du courroux le plus

  1. L’amiral ou son frère, dont on avait parlé comme devant remplacer sir Hudson Lowe ; ce bruit avait couru à Sainte-Hélène. — Du C.