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décider. En proclamant le protestantisme, qu’eussé-je obtenu ? J’aurais créé en France deux grands partis à peu près égaux, lorsque je voulais qu’il n’y en eût plus du tout. J’aurais ramené la fureur des guerres de religion. Ces deux partis, en se déchirant, eussent annihilé la France et l’eussent rendue l’esclave de l’Europe, lorsque j’avais l’ambition de l’en rendre la maîtresse.

« Avec le catholicisme, j’arrivais bien plus sûrement à tous mes grands résultats. Au dehors, le catholicisme me conservait le Pape ; et avec mon influence et nos forces en Italie, je ne désespérais pas, tôt ou tard, par un moyen ou par un autre, de finir par avoir à moi la direction de ce Pape. Et dès lors, quelle influence ! Quel levier d’opinion sur le reste du monde !

« Jamais, dans mes querelles avec le Vatican, je n’ai touché au dogme.

« Le Pape m’avait dispensé de la communion publique, et cette détermination me prouve la sincérité de sa foi religieuse. — Il avait tenu, à ce sujet, un conseil de cardinaux. La plupart avait insisté pour que je communiasse en public et disait que l’exemple en serait d’une grande importance pour l’Église, qu’il fallait que je le donnasse. Le Pape répondit : « S’il n’accomplit cet acte que comme on se soumet au programme d’un cérémonial, ce sera un sacrilège ; je ne puis le vouloir, ma conscience s’y oppose. » Dans sa charité chrétienne, il n’a jamais désespéré de me tenir pénitent à son tribunal. Nous en avons souvent