Page:Montholon - Souvenirs de Sainte-Hélène, 1901.pdf/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Cours de Laharpe lui plut ; il m’en disait : « C’est le jugement de la raison ; » et, en parlant des ouvrages de Voltaire : « C’est le livre de l’esprit. »

Il n’aimait pas Buffon, non qu’il ne le trouvât pas grand écrivain, mais à cause des sujets traités par cet auteur, qui n’avaient aucun rapport avec ses pensées habituelles. L’histoire naturelle, les animaux surtout, ne l’intéressaient que médiocrement.

Il avait une manière de lire à lui, passant tout ce qui était remplissage. Je l’ai entendu me dire sérieusement qu’il avait lu tout Lebeau[1] en trois jours. À quoi je répliquai : « Oui, Sire, comme le dit l’abbé de Pradt. » — « Avec le pouce, n’est-ce pas ? » répliqua-t-il.

Quelle que fût sa manière, le fait est qu’il s’appropriait tout ce qu’il lui fallait d’un ouvrage et, après l’avoir lu ainsi, il le savait à l’analyser. Il portait à ses lectures toute l’ardeur dont il était susceptible.

Je crois avoir déjà dit que ce qu’il venait de

  1. Lebeau, humaniste et historien (1701-1778), a écrit l’Histoire du Bas-Empire depuis Constantin, en vingt-deux volumes. — Du C.