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connaissances spéciales de chacun, il trouvait toujours l’instruction générale suffisante.

Pendant son règne, il avait eu peu le temps de lire. Il y avait suppléé de son mieux en s’entretenant de littérature avec des hommes compétents, surtout avec M. Lebrun[1], l’architrésorier, au jugement et au goût duquel il accordait confiance ; aussi nous disait-il souvent avec ingénuité : « Lebrun me disait… » Il lui avait dit, entre autres choses, « qu’il n’y a d’éloquent que ce qui est vrai de pensée ». « Mais cependant, ajoutait l’Empereur, on ne peut nier que Rousseau ne soit éloquent, et pourtant Lebrun déclarait que Rousseau était un sophiste. "

À Sainte-Hélène, il trouva grand plaisir à reprendre des ouvragés qui lui avaient plu dans sa jeunesse, aimant à juger de la nouvelle impression qu’il en éprouverait. Il s’est beaucoup occupé de littérature à Longwood ; la philosophie a été aussi passée en revue.

  1. Lebrun, duc de Plaisance (1739-1824), fut successivement député aux États-généraux, prisonnier sous la Terreur, membre du Conseil-des Cinq-Gents, deuxième consul après le 18 Brumaire, architrésorier de l’Empire, administrateur général de la Hollande, pair de France sous Louis xviii et, quelque temps, grand maître de l’Université. Il était très lettré et bon écrivain. — Du C.