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et elle avait été obligée de se retirer à cheval, avec ses enfants, dans les montagnes. »

Il avait une haute estime pour le caractère de sa mère ; il assurait qu’il lui avait dû des principes d’honneur et de fierté de conduite qui lui ont beaucoup servi dans les commencements de sa vie. Aussi pensait-il que la première éducation vient de la mère, et il disait à ce sujet : « Les premiers principes que l’on reçoit de ses parents, que l’on suce avec le lait, vous laissent une empreinte ineffaçable. »

Il avait, comme l’on sait, de grandes préventions en faveur de la noblesse ; il le savait et me disait à ce sujet qu’il avait voulu s’en rendre compte ; car enfin, ajoutait-il, « le sang est un préjugé sous le rapport du mérite que l’on en reçoit », et il l’expliquait par les premières habitudes de l’enfance, celles qu’on a eues sous les yeux en naissant, manières, usages, principes. « C’est sous ce rapport, me disait-il, que l’on peut dire avec raison qu’un homme est bien ou mal né. » Il se plaisait dans le souvenir des temps où il était sans fortune, et à entrer dans les détails de la manière dont il vivait pour ne jamais faire de dettes.