Page:Montholon - Souvenirs de Sainte-Hélène, 1901.pdf/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

monté par des noirs vêtus de blanc avec des ceintures rouges. Ce n’était plus l’Europe, mais l’Afrique ou l’Amérique ; car on n’avait pas encore décidé alors si cette île, située presque à égale distance des deux continents, devait être classée géographiquement dans le domaine de l’un ou de l’autre ; depuis, la question a été résolue en faveur de l’Afrique.

M. Wilkes est un homme de formes aimables, d’une belle figure, à qui des cheveux prématurément blanchis donnaient déjà l’air vénérable, un de ces hommes qui, dès l’abord, inspirent la sympathie, dont la physionomie révèle une belle âme.

Il était étonné, comme on peut le croire, de voir Napoléon dans ces parages. C’était tout à fait un événement des Mille et une nuits. On se figure l’effet que devait produire une telle apparition sur un homme qui vivait dans son île depuis de longues années, n’y recevant que rarement des nouvelles d’Europe, nouvelles qui, ordinairement, dataient d’un an, ayant passé par l’Inde ou la Chine. Il résultait nécessairement de cet isolement de la famille Wilkes qu’elle était peu au courant des affaires de ce monde.