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lait de moi à M. de Las-Cases avec qui je causais souvent, celui-ci lui rendit compte de ce qu’après une conversation dont l’Empereur faisait le sujet, je lui avais dit : « En venant ici, je n’avais pensé qu’à suivre mon mari ; mais, à présent que j’ai pu apprécier l’Empereur, je m’estime heureuse de lui prouver mon dévouement. » En effet, depuis que je le voyais d’aussi près, je l’admirais sincèrement. Je n’étais pas seule à subir son ascendant : même ceux des Anglais qui étaient arrivés avec le plus de préventions contre lui n’avaient pas échappé à la séduction.

L’Empereur savait par ses officiers quelles étaient les questions qui intéressaient le plus la curiosité des Anglais et les abordait nettement ; il aimait qu’on lui répondit franchement, et cette discussion d’homme à homme l’élevait encore dans l’esprit de celui qui l’écoutait. Ce mélange de véritable grandeur et de simplicité attirait et inspirait confiance.

À table, où la conversation était générale, le sujet qu’il traitait était toujours d’un grand intérêt. Jamais on ne l’entendait sans que l’esprit n’en fut éclairé sur quelques points ou forcé à réfléchir.