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de repos tant qu’elle n’aurait pas trouvé le pourquoi du comment.

Beaucoup de gens à Avonlea et ailleurs, s’occupent minutieusement des affaires de leurs voisins et à force, négligent les leurs. Mme  Rachel Lynde, quant à elle, était une de ces créatures capables de gérer ses propres affaires et celles des autres. Elle était une ménagère remarquable ; son travail était toujours fait et bien fait. Elle dirigeait le cercle de couture, aidait à l’organisation du cours de religion du dimanche, soutenait vigoureusement l’entraide paroissiale et les missions religieuses à l’étranger. Avec tout cela, Mme  Rachel trouvait encore le temps de s’asseoir pendant des heures à la fenêtre de sa cuisine, en tricotant des courtepointes à « chaîne de coton » — les ménagères d’Avonlea se disaient, effrayées, qu’elle en avait déjà tricoté seize ! — et de garder un œil attentif sur la route principale qui après avoir traversé le creux, remontait en sinuant la colline rouge escarpée.

Comme Avonlea occupait une petite péninsule triangulaire qui se jette dans le golfe du Saint-Laurent et était entourée d’eau des deux côtés, quiconque voulait sortir ou entrer, devait passer sur la route de la colline, et ne pouvait échapper à l’œil omnipotent de Mme  Rachel. Elle était assise là un après-midi au début de juin. Le soleil passait par la fenêtre, chaud et lumineux ; Le verger sur la pente en contrebas de la maison était couvert de fleurs rosâtres autour desquelles bourdonnaient des myriades d’abeilles. Thomas Lynde — un petit homme doux que les gens d’Avonlea appelaient « le mari de Rachel Lynde »