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25 ANS DE LITTÉRATURE FRANÇAISE

allemande, un mois avant la guerre : un livre presque prophétique, que la critique laissa passer inaperçu.

Durant la même période, nous trouverons les débuts de quelques romancières qui écrivent pour soutenir des thèses féministes ; telle M"^^ Louise Compain (La Vie tragique de Geneviève , et U Amour de Claire^ 1914) M"^® Pauline Valmy qui, dansL« Chasse à V Amour (1913), défend l’amour libre sans pourtant condamner le mariage. Telle encore M^^^ Noël Francès, catholique qui, dans ses Entravées (iqii), en commentant la Genèse et le Nouveau Testament, justifie son féminisme. Telles enfin M^^^ Odette Dulac, dont chaque livre tend à revendiquer un droit ou à mettre en vedette une idée : Le Silence des Femmes (igi2) y La Houille rouge (1916) et l’âpre M"^® Marx, qui débute en librairie en 1920 avec Femme.

C’est une sorte de roman à thèse aussi, honnête mais naïf, que M"^^ Bruno - Ruby nous a présenté dans L * Exemple de VAbbé Jouve ( 1 9 1 7) .

De 1915 à 1919, deux remarquables talents de femme se sont révélés : celui de M"^® Camille Mayran, celui de ]y[me Jane Cals, qui signe aujourd’hui Jane Ramel-Cals. Cette dernière a publié en 19 19, Rose, qui semble née d’un Jules Renard, d’une d’Houville et d’une Colette. Un Jules Renard jeune et tendre, un Jules Renard femme, qui aurait gardé sa science littéraire, ses raccourcis et ses comparaisons avec l’amoralisme inconscient, le parfum de Gérard d’Houville et de M^^^ Colette, le goût sincère de la vraie nature et l’instinct des «effets ». Ce grand «petit chef-d’œuvre » a été suivi de la Ronde (1920). Le talent de M^e Camille Mayran est plus volontaire, et à peine féminin, comme sa sensibilité. M^^e Mayran n’a pas de charme, mais elle a de la force, de la certitude. En 1918, elle a publié deux longues nouvelles, U Histoire de Gotton Comxloo, suivie de L’Oubliée qui me semble presque la perfection dans la sobriété, une sobriété à la Mérimée. M^^e Camille Mayran est la petite-nièce de Taine. Il faut beaucoup attendre d’elle.

M"^e Blanche Vogt comprend le roman sous la forme d’une confession directe : Amour socialiste (1919) est un livre d’une ironie âpre et étincelante, où il y a du ’mouvement et un vif sentiment de la nature.

Mme Faure-Favier conte pour conter ; sa grâce et son imagination la servent dans une fantaisie comme Les Choses qui seront vieilles (1919), et surtout dans son œuvre de début. Six Contes et deux Rêves (1918).

D’abord intéressée par le théâtre, M^e Jehanne d’Orliac s’adonne depuis

Jane Cals

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